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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/92

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Elle prit l’enfant dans ses bras, non certes pour le ravir, mais pour lui sauver la vie, car elle lui mit entre les lèvres le bout allongé de sa mamelle fraîche, et l’enfant but, et fut rassasié.

Et auprès d’elle apparut, non moins belle, mais son égale par la grâce des mains et des bras, la parfaite Evagorê, née comme elle du vieillard Néreus et de Dôris aux beaux cheveux. Elle tenait à la main un lange de pourpre claire dont elle vêtit le petit être, afin que le souffle mortel de la nuit ne le fît pas descendre avant l’heure fixée dans les noires demeures souterraines.

Et auprès d’elles surgit encore Autonoë au bon caractère, qui prit l’enfant à son tour et le berça au-dessus des eaux. Puis Nôso et Kymothoë, Aktaië, Protomédéïa, toutes quatre irréprochables ; et elles élevaient avec elles du plus profond de l’abîme une vasque si large et si éclatante, que les plongeurs les plus hardis n’ont rien vu qui en approche. Et Psamathê parut, elle aussi, Psamathê aux mains transparentes, et Melitê aux ongles verts et Thaliê aux oreilles rouges. Et elles s’emparèrent doucement de Danaë endormie et elles la déposèrent dans la vasque évasée sur un lit d’algues molles et de fleurs sous-marines. Et Prôtô qui dépasse toutes ses sœurs à la nage, et Eukratê aux lèvres tendres, et Saô qui sonne de la conque, et Spéô qui chasse les dauphins, tirèrent le bateau par la poupe, et la mer stérile y entra, et il s’en-