Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

adossé à la forêt et d’où l’on voyait toute la mer. Démétrios ne l’ignorait point, car cette femme, comme tant d’autres, avait été amoureuse de lui, et elle lui avait dit une fois que le jour où il voudrait d’elle ce serait là qu’il la pourrait prendre.

Donc, ce fut là qu’il se rendit.

Elle y était, en effet ; mais elle ne le vit pas s’avancer ; elle se tenait assise, les yeux clos, le corps renversé sur le dossier, et les deux bras à l’abandon.

C’était une Égyptienne. Elle se nommait Touni. Elle portait une tunique légère de pourpre vive, sans agrafes ni ceinture, et sans autres broderies que deux étoiles noires pour marquer les pointes de ses seins. La mince étoffe, plissée au fer, s’arrêtait sur les boules délicates de ses genoux, et de petites chaussures de cuir bleu gantaient ses pieds menus et ronds. Sa peau était très bistrée, ses lèvres étaient très épaisses, ses épaules étaient très fines, sa taille, fragile et souple, semblait fatiguée par le poids de sa gorge pleine. Elle dormait la bouche ouverte, et rêvait doucement.

Démétrios, silencieux, prit place auprès d’elle sur le banc.

Il s’accouda lentement et plus près encore. Une jeune épaule lisse et foncée, effilée au sommet, musculeuse près de l’aisselle et réunie à la poitrine par une ombre de la peau, lui offrait sa délicatesse.