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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/146

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crocos et le prêtre la méprisait pour une aussi mince offrande. Elle dit :


« Je ne suis pas assez riche pour te donner des pièces d’argent, ô brillante Olympienne. D’ailleurs, que pourrais-je te donner que tu ne possèdes pas encore ? Voici des fleurs jaunes et vertes, tressées en couronne pour tes pieds. Et maintenant… »


Elle défit les deux boucles de sa tunique et se mit nue, l’étoffe ayant glissé à terre.


« … Me voici tout entière à toi, déesse aimée. Je voudrais entrer dans tes jardins, mourir courtisane du temple. Je jure de ne désirer que l’amour, je jure de n’aimer qu’à aimer, et je renonce au monde, et je m’enferme en toi. »


Le prêtre alors la couvrit de parfums et entoura sa nudité du voile tissé par Tryphèra. Elles sortirent ensemble de la nef par la porte des jardins.


La procession semblait finie, et les autres courtisanes allaient retourner sur leurs pas, quand on vit entrer en retard une dernière femme sur le seuil.

Celle-ci n’avait rien à la main, et on put croire qu’elle aussi ne venait offrir que sa beauté. Ses cheveux semblaient deux flots d’or, deux pro-