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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/148

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« À toi, dit-elle, Astarté de la Nuit, qui mêles les mains et les lèvres et dont le symbole est semblable à l’empreinte du pied des biches sur la terre pâle de Syrie, Chrysis consacre son miroir : Il a vu la cernure des paupières, l’éclat des yeux après l’amour, les cheveux collés sur les tempes par la sueur de tes luttes, ô combattante aux mains acharnées, qui mêles les corps et les bouches. »


Le prêtre posa le miroir aux pieds de la statue. Chrysis tira de son chignon d’or un long peigne de cuivre rouge, métal planétaire de la déesse.


« À toi, dit-elle, Anadyomène, qui naquis de la sanglante aurore et du sourire écumeux de la mer, à toi ; nudité gouttelante de perles, qui nouais ta chevelure mouillée avec des rubans d’algues vertes, Chrysis consacre son peigne. Il a plongé dans ses cheveux bouleversés par tes mouvements, ô furieuse Adonienne haletante, qui creuses la cambrure des reins et crispes les genoux raidis. »


Elle donna le peigne au vieillard et pencha la tête à droite pour ôter son collier d’émeraudes.


« À toi, dit-elle, ô Hétaïre, qui dissipes la rougeur des vierges honteuses et conseilles le rire impudique, à toi, pour qui nous mettons en vente l’amour ruisselant de nos entrailles, Chrysis consacre son