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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/204

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Elles la mirent à cheval sur un piquet de bois qui était fiché au milieu du tronc et qui servait à supporter le corps pour éviter le déchirement des mains.

Puis on lui ouvrit les bras.


Chrysis regardait, et se taisait. Que pouvait-elle dire ? Elle n’aurait pu disculper l’esclave qu’en accusant Démétrios, qui était hors de toute poursuite, et se serait cruellement vengé, pensait-elle. D’ailleurs, une esclave était une richesse, et l’ancienne rancune de Chrysis se plaisait à constater que son ennemie allait ainsi détruire de ses propres mains une valeur de trois mille drachmes aussi complètement que si elle eût jeté les pièces d’argent dans l’Eunoste. Et puis la vie d’un être servile valait-elle qu’on s’en occupât ?

Héliope tendit à Bacchis le premier clou avec le marteau, et le supplice commença.

L’ivresse, le dépit, la colère, toutes les passions à la fois, même cet instinct de cruauté qui séjourne au cœur de la femme, agitaient l’âme de Bacchis au moment où elle frappa, et elle poussa un cri presque aussi perçant que celui d’Aphrodisia quand, dans la paume ouverte, le clou se tordit.

Elle cloua la deuxième main. Elle cloua les pieds l’un sur l’autre. Puis, excitée par les sources de sang qui s’échappaient des trois blessures, elle cria :