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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/268

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de disparate dans ce quartier de ruelles angulaires. Les deux populations s’y mêlaient bizarrement, dans une promiscuité encore un peu haineuse. Entre les Égyptiens vêtus de chemises bleues, les tuniques écrues des Hellènes faisaient des passages de blancheurs. Chrysis montait d’un pas rapide, sans écouter les conversations où le peuple s’entretenait des crimes commis pour elle.

Devant les marches du monument, elle tourna à droite, prit une rue obscure, puis une autre dont les maisons se touchaient presque par les terrasses, traversa une petite place en étoile où, près d’une tache de soleil, deux fillettes très brunes jouaient dans une fontaine, et enfin elle s’arrêta.


Le jardin d’Hermès Anubis était une petite nécropole depuis longtemps abandonnée, une sorte de terrain vague où les parents ne venaient plus porter les libations aux morts et que les passants évitaient d’approcher. Au milieu des tombes croulantes, Chrysis s’avança dans le plus grand silence, peureuse à chaque pierre qui craquait sous ses pas. Le vent, toujours chargé de sable fin, agitait ses cheveux sur les tempes, et gonflait son voile de soie écarlate vers les feuilles blanches des sycomores.

Elle découvrit la statue entre trois monu-