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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/277

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LIVRE CINQUIÈME


I

LA SUPRÊME NUIT



Tu es aimée des dieux, dit le vieux geôlier. Si moi, pauvre esclave, j’avais fait la centième partie de tes crimes, je me serais vu lier sur un chevalet, pendu par les pieds, déchiré de coups, écorché avec des pinces. On m’aurait versé du vinaigre dans les narines, on m’aurait chargé de briques jusqu’à m’étouffer, et si j’étais mort de douleur, mon corps nourrirait déjà les chacals des plaines brûlées. Mais toi qui as tout volé, tout tué, tout profané, on te réserve la ciguë douce et on te prête une bonne chambre dans l’intervalle. Zeus me foudroie si je sais pourquoi ! Tu dois connaître quelqu’un au palais.

— Donne-moi des figues, dit Chrysis. J’ai la bouche sèche. »