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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/74

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Égyptienne, tu sais, et elle ne fait ses deux cents nattes qu’une fois par an, comme les autres femmes de sa race. Mais moi, je veux mon peigne demain, et tu la tueras pour l’avoir. Tu as juré un serment. »

Elle fit une petite mine à Démétrios qui regardait la terre. Puis elle acheva ainsi, très vite :

« J’ai choisi aussi mon collier. Je veux le collier de perles à sept rangs qui est au cou de l’Aphrodite. »


Démétrios bondit.

« Ah ! cette fois, c’est trop ! tu ne te riras pas de moi jusqu’à la fin ! Rien, entends-tu, rien ! ni le miroir, ni le peigne, ni le collier, tu n’auras… »

Mais elle lui ferma la bouche avec la main et reprit de sa voix câline :

« Ne dis pas cela. Tu sais bien que tu me le donneras aussi. Moi, j’en suis bien certaine. J’aurai les trois cadeaux… Tu viendras chez moi demain soir, et après-demain si tu veux, et tous les soirs. À ton heure je serai là, dans le costume que tu aimeras, fardée selon ton goût, coiffée à ta guise, prête au dernier de tes caprices. Si tu ne veux que la tendresse, je te chérirai comme un enfant. Si tu recherches les voluptés rares, je ne refuserai pas les plus douloureuses. Si tu veux le silence, je me tairai… Quand tu voudras que je chante, ah ! tu verras, Bien-Aimé ! je sais des