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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/182

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Doucement, un doigt frappa la porte au dehors.

— Déjà.

Sans bruit, elle ôta la lourde barre et fit tourner la porte sur ses gonds huilés. Elle entendit un pas sur la grève, mais ne vit rien, que la nuit noire.

— Ne me cherche pas, murmura-t-elle, je suis là. Je te précède, viens vite, j’ai peur des esclaves et qu’on ne nous épie. Suis-moi. Au sortir des fourrés, tu verras un peu mon ombre.

Elle marcha sur la pointe du pied. Ses petites sandales se posaient à peine sur le sable ou la mosaïque. Une branche qu’elle effleura la fit frémir ; ce ne fut qu’un bruissement furtif entre deux vastes silences, et les fleurs remuées secouèrent leur parfum.

La première, elle entra dans la chambre, courut jusqu’à la niche où elle avait mis un rhyton sur la lampe de terre pour la voiler sans l’étouffer et dès qu’elle eut un peu de lumière, elle se retourna :

— Dieux ! fit-elle. Dieux ! Dieux ! Dieux ! ce n’est pas lui !


L’homme s’était avancé jusqu’au milieu de la pièce. Elle recula vers le mur que son dos frappa brusquement et ses mains retournées errèrent sur la paroi.

— Qui es-tu ?

— Je ne suis pas lui, tu viens de le dire. N’es-tu pas assez renseignée ? Il y a lui, n’est-ce pas, et le