la tragédie de mort et de hurlements d’où ce tableau est sorti dans le sang comme l’enfant d’une accouchée ?
— Parle… Dis-nous toute la scène ; nous n’en savons rien.
Un instant, Bryaxis suspendit son regard sur nos jeunes têtes comme s’il hésitait à nous plonger de force un pareil souvenir dans l’âme…
Puis il se détermina :
— Eh bien ! oui. Je vous la dirai.
II
Ce que je vous raconte, mes enfants, s’est passé la dernière année de la cent septième Olympiade, l’année même où Platon mourut : il y a bien cinquante ans de cela.
J’étais alors dans Halicarnasse et je venais d’achever ma part de labeur au tombeau de Mausole le Chevelu : part ingrate s’il en fut jamais. Scopas qui nous dirigeait avait trouvé bon de décorer tout seul la façade orientale du monument, c’est-à-dire qu’à l’heure du matin où se font les sacrifices, les marbres de notre maître resplendissaient en pleine lumière, et, vraiment, on ne voyait qu’eux. À son camarade Timothée, il avait attribué la face latérale sud, un peu moins intéressante et deux fois plus étendue. Leokharès s’était chargé du fronton occidental ; quant à moi,