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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/9

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LES TROIS ROSES DE MARIE-ANNE


Le jour où elle eut quinze ans, la petite Marie-Anne Colmaille commença de se sentir honteuse de sa vie présente et passée, pour avoir vécu si longtemps sans accomplir aucune action qui pût lui gagner le paradis.

Il ne lui suffisait pas de réciter ses prières, d’assister chaque matin à la messe, de ne jamais tomber en état de péché mortel, de se confesser tous les samedis, et de recevoir tous les dimanches le corps de Notre-Seigneur. Tout le monde pouvait en faire autant et il n’y avait pas grand mérite à suivre une règle si facile. Qui pourrait oublier de prier Dieu ? Qui serait assez impie pour s’exposer jamais à pécher mortellement ? Qui ne communie pas au moins une fois par semaine ? Si pourtant la vie éternelle se partageait entre deux destinées, l’une pour les réprouvés, l’autre pour les élus, il