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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/97

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celui qui était là. Elle attirait le premier venu près d’une porte basse au fond de son jardin, sous les branches tombantes d’un amandier rose, et jamais on ne put la surprendre, car elle goûtait le plaisir de sa chair avec une telle promptitude que ses rendez-vous les plus tendres duraient l’espace d’une étreinte.

Or, un soir, au milieu d’un de ces frissons furtifs, Djouhera devint amoureuse.


Cela lui prit comme une puberté, tout à coup, à sa grande surprise. Un certain : Abdallah, aussi pauvre qu’elle-même l’avait été jadis, un garçon qui dormait, l’été, sur la terre, et l’hiver, dans la mosquée, fut celui qui la transporta depuis la volupté jusqu’à la passion. Elle s’enfuit à cheval avec lui.

Pendant des jours et des jours, Mahmoud chercha leur trace sans pouvoir la trouver, car la jeune femme était partie en habits d’homme et galopait comme un chasseur de lions. Si désespéré qu’il fût, Mahmoud était bien décidé à lui pardonner plutôt que de la perdre et quelque honte qu’on lui en fît, car son amour avait dispersé dans le néant tout ce qu’il y avait en lui d’orgueil.

Mais il ne savait pas qu’il dût voir ce qu’il vit.

Lorsqu’au terme de sa poursuite il pénétra enfin dans la chambre d’auberge où il retrouvait Djouhera, les deux amants étaient si enivrés l’un de