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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/118

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dans ses bras d’une étreinte si serrée qu’elle étouffa.

« Je vous en prie ! » conjura-t-elle en agitant ses deux mains devant son visage.

Et plus bas :

« Comme hier encore… Comme hier… Cela seul… Une dernière fois… Je vous aime… Je n’ai pas de forces contre vous, mais je vous en supplie de toute mon âme ! »

Quand elle sentit les lèvres s’appuyer sur les siennes, elle gémit des deux coins de la bouche une plainte très longue et très grave comme si cette première volupté était déjà trop vive pour ses sens presque vierges. Puis ses lèvres aussi se turent et baisèrent. Sa poitrine se souleva, se renversa ; mais Psyché ne voulait pas tomber, et son amant ne l’y força point. Avec les sentiments les plus différents, tous deux s’enivraient ensemble d’une chasteté volontaire que leur seule délicatesse prolongeait au delà des derniers aveux. Elle s’était juré, dans le spasme suprême de ses énergies, qu’elle résisterait jusqu’au soir, et qu’ensuite le sort en serait jeté, si rien ne venait secourir sa volonté vaincue. Et lui, sûr de la fléchir, maître de l’y contraindre à sa fantaisie, Aimery goûtait une volupté intense à retarder son bonheur pour l’accroître sans cesse. Il tenait en ses deux mains, sous les cheveux et sous la joue, la tête faible de la jeune femme. Psyché n’y voyait plus, et le baiser de sa bouche était fervent ou léger, saisi ou