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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/120

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je l’espère ; mais je leur ai donné pour mot d’ordre que je ne voulais pas les apercevoir et qu’il fallait que tout fût fait sans que j’eusse à me mêler de rien.

— C’est gentil, dit Psyché. Comme vous je me fais servir le moins possible, et généralement hors de ma présence. Ma femme de chambre n’entre dans mon cabinet de toilette que lorsque j’en suis sortie. Laissez vos portiers dans leurs communs et que je ne les voie même pas autour de la table. Nous sommes en forêt : faisons comme à la chasse. Nous aurons des petits pâtés que vous découperez vous-même et vous ne me direz pas un mot qui soit aussi pour le valet.

— Tout ce que j’ai à vous dire, Psyché, quand je vous touche, est même trop mystérieux pour l’air qui nous entoure. Je voudrais vous le dire si bas, si bas, que si votre âme recèle une autre âme intérieure, plus secrète encore et plus pure, celle-là fût la seule à m’entendre.

— Celle-là ne vous a que trop entendu. Hier, elle vous entendait quand vous n’étiez plus là. Vous disiez toujours le même mot de la même voix, sur le même ton… Je vous ai mille fois repoussé ; mais je commence à croire vraiment que ce château est ensorcelé puisque je vous fuyais à Rome et que je suis arrivée ici.

— Vous n’êtes pas fataliste ?

— Et vous ?

— Depuis hier. »