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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/137

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Toute seule dans son large lit dont les draps étaient calmes comme ceux d’une vierge sage, Aracœli s’éveilla vers midi, après avoir dormi onze heures.

Elle sonna, fit chauffer son bain, s’étira en travers, plongea ses dix ongles faunesques dans sa chevelure épaisse et courte, s’étira encore, se cambra, sourit, et pour se dire bonjour se baisa l’épaule.

La baignoire où elle entra, dans un demi-sommeil mal délivré du rêve, lui était sympathique et douce. Aracœli aimait à se rappeler qu’un matin, pour lui plaire, Aimery l’avait prise là, dans la tiédeur de l’eau ; et elle savait lequel des deux cols de cygne elle avait serré de sa main humide à l’instant de son plaisir toujours reconnaissant.

Ces souvenirs là étaient pour elle les jalons de sa jeune existence ; Elle avait fait en sorte d’en avoir beaucoup. Outre son lit et ses trois divans qui en étaient pénétrés, elle avait encore un fauteuil devenu pour elle un ami, une bergère où elle