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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/161

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— Pour rien au monde je ne voudrais avoir l’esprit critique ! Le visage de ceux qui le possèdent suffit à m’en dégoûter.

— Tu es la jeunesse. Tu me révèles la mienne. À vingt-deux ans je me sentais vieille, mais si vieille, si désenchantée, si prête à mourir quand Dieu le voudrait !… Et puis tu es venu, te voici, et tout a disparu de ma mémoire entre mon journal d’enfant et mon arrivée à la Belle-au-Bois. Je crois de plus en plus que j’ai rêvé dans la tour.

— Certainement. Je te l’ai déjà dit.

— D’ailleurs… Psyché Vannetty…

— C’est ton nom de jeune fille.

— Tu vois bien ! »

Elle prit sa jupe avec quatre doigts comme pour faire une révérence :

« Et cette robe de pensionnaire ! Je suis une jeune fille enlevée aux siens par des artifices ténébreux, séquestrée dans un parc lointain, privée de défense et même de volonté !…

— Une pauvre adolescente ravie par un coupable séducteur.

— Frappée de suggestion…

— Ensorcelée…

— Et si c’était vrai ? »

Aimery répondit sans sourire :

« Il n’y a qu’un moyen de le savoir, c’est de chercher la marque.

— Quelle marque ?