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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/163

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Psyché lui avait dites et qui allaient s’effacer de sa mémoire. Par une simple association d’idées, la robe à son tour répétait symboliquement le rôle de la résistance. Il semblait qu’ainsi vêtue, Psyché ne pouvait que répondre : « Non, Je ne vous suivrai pas. Je ne vous céderai jamais. »

Et comme, étant sortis, ils pénétraient de nouveau sous les allées couvertes du parc toujours solitaire, Aimery eut l’impression secrète que Psyché n’était pas encore toute à lui, parce que sa robe grise n’avait pas cédé. D’abord il douta si cette allusion l’exaltait ou le glaçait. Puis il se rapprocha et mit son bras gauche autour de la jeune femme pour l’entraîner plus vite.

De jour en jour le sentiment qu’il éprouvait pour elle se teintait de sensualité. Celui qu’elle lui rendait, bien qu’un peu plus vague, suivait de loin le même détour.

« Psyché, lui dit-il, si je faisais des vers sur vous, je vous comparerais à une statue par un crépuscule du matin. Le premier rayon du jour n’éclaire que les cheveux et les yeux du marbre. C’est tout ce que j’aimais de vous quand je vous adorais et que vous me repoussiez. Et puis, vous m’avez donné vos lèvres : tout s’est éclairé jusque-là. Et puis la lumière, lentement, est descendue jusqu’à tes pieds.

— Aimery, ne le dis pas.

— Et aujourd’hui cette robe m’est insupportable.

— Chut ! »