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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/184

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épuiser toute la coupe des ivresses réciproques. Converti par la suite à des amours moins brèves, il leur fixait tout de même la limite d’une semaine, ou de deux, ou de trois. Aimery n’a guère mis plus de sept jours à se rassasier de Psyché. Et, si le tête-à-tête des deux amants se prolongeait exagérément, Aimery s’apercevrait vite qu’il est rassasié. Il ne le faut pas. Au demeurant, tous les rêves ont tôt fait de s’évanouir devant la vie.

Il faut donc que Psyché et qu’Aimery quittent le château de la Belle au Bois Dormant ! Il faut qu’alors Psyché n’ait point encore perdu tout espoir, et il faut qu’Aimery ait gardé toute illusion.

Une péripétie s’impose ici, — celle même que Pierre Louÿs réserva si longtemps, avant de se décider à l’écrire. Lasse d’attendre à Paris son seigneur et ami, qu’elle imaginait de retour au bout d’une seule semaine, la belle Aracœli se décide inopinément à voyager elle-même, et, tout à coup, part pour ces Indes Orientales d’où jadis elle était venue. Elle part tout paisiblement, comme pour une simple promenade. Et elle ne manque pas d’annoncer son départ. Elle en écrit à Aimery la plus gracieuse, la plus souriante des lettres. Elle reviendra d’ailleurs, la chose va de soi. Elle reviendra quand il lui chantera de revenir, ou quand elle sera lasse d’aller droit devant elle, ou, qui sait ? quand on la rappellera… s’il ne lui déplaît pas alors d’être rappelée ! Et voilà pour Aracœli.