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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/221

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CHAPITRE II


Debout sur la dernière marche, il jeta autour de lui un regard circulaire et surpris.

L’homme de nos jours, plus curieux encore et plus vite lassé que l’homme d’autrefois, s’est donné à lui-même des règles immuables dont l’explication ne paraît point possible. En même temps qu’il se plaignait, avec une mélancolie grandissante, d’une vie extérieure sans relief, sans couleur et sans caractère, il a fait de jour en jour plus stricte et plus répandue cette monotonie qui lui est odieuse. En même temps qu’il reconstituait à grand’peine, pour ses musées et pour ses théâtres les costumes anciens des campagnes et ceux des peuples étrangers, esprit sensible aux nuances des étoffes, amoureux des élégances perdues, frappé du faste oriental et des faibles soies versaillaises, il adoptait pour sa propre personne la livrée unique et noire qui est celle des maîtres d’hôtels et ordonnait sa vie comme son vêtement, selon la gamme des tons