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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/37

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non ! Ce monde que vous méprisez, c’est à lui que vous cédez et non à votre cœur !

— Je suis brisée, dit Psyché.

— Saura-t-il même où vous êtes, ce monde espionneur et si mal renseigné sur les sujets dont il est le plus avide ? Une femme ne peut-elle quitter Paris pendant huit jours sans éveiller l’attention des gens ? Une semaine, je vous demande une semaine à vos pieds. Ensuite, je me tuerai ; le monde vous reverra.

— Mon Dieu ! Qu’avez-vous dit ! »

Elle s’était levée.

« Ah ! poursuivit-elle, tristement. Ah ! mon ami, vous le voyez. Cet amour qui naît à peine et dont vous me parliez comme d’une félicité, voyez ce qu’il nous coûte déjà : je suis en larmes ; vous songez à la mort. Est-ce là le chemin du bonheur ?

— Oui. »

Elle secoua la tête.

« Je n’en veux pas. Adieu, mon ami. Je penserai toujours à cette matinée que nous avons vécue ensemble ; mais vous, oubliez-la. Cela ne vous sera pas difficile. Votre souvenir en a perdu bien d’autres ; les sentiments des hommes sont si dispersés !… Oubliez notre rencontre et surtout ce que je vous ai dit, car je vous ai bien mal répondu. Je me sens tout à fait brisée… Ayez pitié de moi, laissez-moi partir… J’ai mis toute ma force dans ma résistance et je n’ai plus rien à vous dire, sinon