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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/89

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Le départ d’Aimery fut moins animé. Pendant les premières minutes du réveil s’étend une période intermédiaire où nous ne distinguons pas du tout l’imaginaire et le réel. Nous sentons bien que nous avons rêvé, mais le palais du songe existe encore, et s’il n’est pas vrai que nous en sortions, nous y entrerons tout à l’heure.

Aimery crut avoir subi une aberration semblable quand il se réveilla de son mirage optimiste dans l’automobile silencieuse qui le menait à la gare d’Orsay.

Un brusque petit rire de dépit, et il haussa l’épaule.

« Évidemment, elle ne viendra pas. »

Pour la séduire il fallait d’abord ne pas la quitter. Après le « non » qu’elle avait dit, quel revirement spontané pouvait-on attendre d’elle sans que rien ne fût intervenu en faveur du rendez-vous ?

Mais lorsque Aimery mit pied à terre sur le trottoir de la gare, il lui resta encore un doute, c’est-