Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui renvoyer ça, et ça, et ça… (elle jette tout par terre… Elle s’assoit.) Et dire que je l’adore, que je l’aime plus que jamais, plus que mon âme, plus que tout, même quand il me trompe et qu’il me présente sa bouche qui sent les baisers d’une autre. (Elle écarte de la main la bouche de Cavaradossi, puis lui mettant les deux mains sur les épaules :) Ah ! Si tu savais comme je t’aime ! Brrrt ! Si tu m’aimais autant ! »

Ici commence le drame, la scène de la torture, où elle est si belle. Ce qu’il y a peut-être de plus beau dans son jeu pendant cette scène, c’est le changement qui se produit en elle quand elle comprend le supplice qu’on inflige à son amant : « Que se passe-t-il dans cette chambre ? » Et quand Scarpia lui apprend en détail cette torture : « Ah ! tais-toi, tais-toi ! ah ! (avec un dégoût terrible) Pouah ! »

« Oh ! Mario… Mario… mon Mario, m’entends-tu ? » gémit-elle, collée contre la porte.

Et ses affolements : « Mais je ne sais rien, qu’est-ce que vous voulez que je dise ? Lui non plus, il ne dira rien ! Il ne peut pourtant pas mentir. — Insistez ! rugit Scarpia. — Oh ! non, non, je sais ! je sais ! Puisque je vous dis que je sais !… Mais non, je ne sais rien ! Je ne peux pas, moi ! Je ne sais que dire ! Vous ne me laissez pas le temps ! Laissez-moi réfléchir ! Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! »