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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/266

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Theuriet, et d’Amour d’Automne, dont les trente dernières pages sont ravissantes, dit-on ; Maupassant, dont on a loué Une Vie, Miss Harriet et Bel Ami, et sur Georges a dit : « Quand on a lu les Nouvelles de Maupassant, on peut tout lire. »

Ça ne me tente pas. Pourquoi ?

Etc., etc.

… Et moi je rêve d’un pays où l’on serait toujours au 15 mai, ou l’on aurait toujours dix-sept ans, d’où les hommes seraient bien loin, bien loin ; où les femmes seraient belles comme un soir d’été, pures comme un regard d’étoile, chastes comme une Madeleine et nues comme la main, et où l’on s’en irait rêver deux à deux, s’aimer deux à deux, s’étendre enfin tout de son long, s’étendre enfin sur sa gorge, le bras autour de son cou bien-aimé, pour faire des vers en regardant les petites bêtes voler[1].


Mercredi, 16 mai 88.

Je viens de feuilleter ce premier cahier de mon journal, et ce sont les dernières lignes que j’y écris.

Voilà plus de dix mois que je l’ai commencé. J’ai vécu pendant ce temps, j’ai pensé ; eh bien,

  1. Pas trop mal. (97)