Aller au contenu

Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liront pas, mes vers, même pas ils ne baveront dessus, de haine ou d’admiration ; non. J’ai assez de dix poètes, non de mille bourgeois. J’ai assez de moi-même, si jamais un jour je m’aime !

Je connais déjà Verlaine, Mallarmé, Darzens. Lundi je verrai Vicaire. Mardi Henri de Régnier. Quand je connaîtrai Heredia, je m’arrêterai. Car c’est assez.

Merrill encore. Oui, Merrill ; mais c’est tout. Et le méconnu aujourd’hui que je comprendrai, avant l’aube.

La vie est belle ; la vie est rouge ; la jeunesse est vigoureuse, musclée, toute-puissante, et la route s’ouvre…

Vers quel but ?

*

Verlaine.

Ce soir, je passais vers cinq heures rue Montmartre, en quête de papier impérial du Japon pour copier à la Bibliothèque Nationale les poésies de Mallarmé, que pour la première fois aujourd’hui je venais de lire d’un bout à l’autre.

Je me suis trouvé tout à coup croiser un homme à longs cheveux gris sous un chapeau mou gris aussi, à barbe rare et longue, aux yeux jaunesques, qui marchait appuyé sur une canne crosse, avec difficulté.

« Monsieur Verlaine, je crois.

— Oui, Monsieur.