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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/313

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primé pour la même raison et remplacé par une seconde élévation, différente de la première. Soit à faire une méditation sur le prélude de Parsifal.

Élévation. Au milieu de la nuit, selon le conseil de Loyola, dans l’état d’esprit, extraordinaire, fait d’excitation et de calme, qu’inspirent le silence et la solitude, je me lève dans mon oratoire, une seule bougie allumée. Je chasse de mon esprit tout ce qui peut lui rappeler le monde brutal, matériel et grossier ; je m’ôte les idées charnelles, je m’interdis toute sensation qui ne serait pas un reflet de la pensée intérieure, et je développe, je surexcite, j’intensifie, j’exalte démesurément les tendances supérieures, seul instrument pour l’élaboration de l’extase, et je m’élève de faîte en faîte, dans la lumière, jusqu’à la contemplation de l’idéale, infinie, éternelle Beauté.

1er prélude (composition de lieu).

Je me représente une vallée des Pyrénées ; rochers à pic, pans de forêts, longues prairies, ravins, ciel bleu. Dans cette vallée, un roc énorme et un château.

Murs de granit, contreforts puissants, portes profondes, cintres romans. Puis plus spécialement la chapelle, l’intérieur de la chapelle. Nef gothique soutenue par des colonnes trapues de l’époque antérieure ; élargissement mystérieux du transept ; éclosion lointaine du chœur ; tout en haut, espacés sous les arcatures, de loin en loin, des vitraux