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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/77

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Oh ! je sais bien ! je deviens coquet, je pense de plus en plus à ma toilette, à la mode, à l’avis des femmes, et j’en viens à me farder la peau comme une femme.

Eh bien, après ?

Quand serai-je coquet, si ce n’est pas maintenant ? Quand penserai-je à ma toilette, si ce n’est pas à seize ans ? Quand enfin penserai-je à m’adoucir les joues, sinon aujourd’hui ? Ce n’est pas quand je serai barbu comme un sapeur, n’est-ce pas ?

Tant que je n’aurai que ces petites fantaisies, je n’aurai rien à me reprocher. J’aime mieux dépenser trente sous à un flacon de crème que cinq francs auprès d’une fille, comme font tant de mes camarades.

Non, mon seul désir aujourd’hui, c’est de passer le plus agréablement possible mes quinze jours au Tréport. Et pour cela, je veux faire tout mon possible pour faire plaisir à T…, afin qu’elle me le rende, et je veux lui présenter à embrasser des joues fraîches et roses, et non pas des joues toutes bourgeonnées et rougeaudes.


Le Tréport, 9 août 1887, mardi.

Je suis au Tréport.

Ainsi ce n’était donc pas un rêve, un projet. Cela s’est fait, et je vais passer quinze jours au