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Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/81

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À deux heures, mon oncle m’a emmené faire une promenade en mer, et je n’ai pas été malade. C’est la première fois que je vais en mer depuis Jersey.

Invité pour dimanche à un grand bal chez Mme Morel (!). Et moi qui ne sais pas danser ! Enfin, on essaiera de s’arranger. T… et cette cocotte de J. B… se dévoueront pour m’apprendre polka, valse, mazurka, quadrille et cotillon en deux leçons.

C’est égal, je vais faire des gaffes.


Jeudi, 11 août.

Le grand, le seul événement de la journée, le voici :

Ce matin, à dix heures et demie, une dame assez jolie, trente ans à peu près, traverse la plage pleine de monde pour aller pêcher aux crevettes, en maillot rose collant, en gants gris perle (!) et en béret blanc. Aussitôt toute la plage est en joie. Les petits gommeux, charmés d’une distraction, s’élancent sur son passage et font cercle autour d’elle ; les mamans prudes, tout en criant beaucoup, suivent leurs fils pour voir le scandale ; les jeunes filles se mêlent aux premiers rangs, et bientôt tout le monde a quitté sa place et cent cinquante personnes font cercle, en riant tout bas, en murmurant tout haut, et