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Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/145

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sûr. Le dimanche matin, je communierai à la grand-messe et quand j’aurai dans mon sein le corps de Notre-Seigneur, je lui demanderai d’être heureuse le soir et aimée le reste de ma vie. Ainsi soit-il ! »

Oui, je le sais bien. C’est une religion très particulière ; nos femmes d’Espagne n’en connaissent pas d’autre. Elles croient fermement que le Ciel a des indulgences inépuisables pour les amoureuses qui vont à la messe, et qu’au besoin il les favorise, garde leur lit, exalte leurs flancs pourvu qu’elles n’oublient pas de lui conter leurs chers secrets. Si elles avaient raison, pourtant ! que de chastetés pleureraient, durant la vie éternelle, une vie terrestre insignifiante.

« Allons, reprit Concha, quittez-moi, Mateo. Vous voyez bien que ma chambre est vide. Ne soyez à cause de moi, ni impatient, ni jaloux. Vous me trouverez là, mon amant, dimanche soir, tard dans la nuit ; mais vous allez me promettre auparavant que jamais vous ne parlerez à ma mère, et qu’au matin vous me