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Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/172

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chaude, où j’imaginais une autre présence dès que la lumière s’éteignait… Puis je me sauvai, désespérant de moi-même.

Je revins à Séville. Ma maison me parut mortuaire. Je partis pour Grenade, où je m’ennuyai ; pour Cordoue, torride et déserte ; pour l’éclatante Jérez, toute pleine de l’odeur de ses celliers à vin ; pour Cadiz, oasis de maisons dans la mer.

Le long de ce trajet, Monsieur, j’étais guidé de ville en ville, non pas par ma fantaisie, mais par une fascination irrésistible et lointaine dont je ne doute pas plus que de l’existence de Dieu. Quatre fois, dans la vaste Espagne, j’ai rencontré Concha Perez. Ce n’est pas une suite de hasards : je ne crois pas à ces coups de dés qui régiraient les destinées. Il fallait que cette femme me reprît sous sa main, et que je visse passer sur ma vie tout ce que vous allez entendre.

Et en effet tout s’accomplit