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Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/237

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J’y pénétrai derrière elle ; je fermai la porte à clef sans qu’elle entendît la serrure ; puis un flux de sang me monta aux yeux, une colère amassée à jour depuis plus de quatorze mois, et, me retournant vers sa face, je l’assommai d’un soufflet.

C’était la première fois que je frappais une femme. J’en restais aussi tremblant qu’elle, qui s’était rejetée en arrière, l’air hébété, claquant des dents.

« Toi… toi… Mateo… tu me fais cela… »

Et au milieu d’injures violentes, elle cria :

« Sois tranquille ! tu ne me toucheras pas deux fois ! »

Elle fouillait dans sa jarretière où tant de femmes cachent une petite arme, quand je lui broyai la main et jetai le couteau sur un dais qui touchait presque au plafond.

Puis je la fis tomber à genoux en tenant ses deux poignets dans ma seule main gauche.

« Concha, lui dis-je, tu n’entendras de moi ni insultes, ni reproches. Écoute bien : tu