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Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/241

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grâce, ni pour s’abandonner. Je m’arrêtai quand mon poing fut devenu trop douloureux, puis je lui lâchai les deux mains.

Elle se laissa tomber de côté, les bras étendus devant elle, la tête en arrière, les cheveux défaits, et ses cris se transformèrent brusquement en sanglots. Elle pleurait comme une petite fille, toujours du même ton, aussi longtemps qu’elle pouvait sans reprendre haleine. Par moments, je croyais qu’elle étouffait. Je vois encore le mouvement qu’elle faisait sans cesse avec son épaule meurtrie, et ses mains dans ses cheveux retirer les épingles…

Alors j’eus tellement pitié d’elle et honte de moi, que j’oubliai presque, pour un temps, la scène atroce de la veille…

Concha s’était relevée un peu : elle se tenait encore à genoux, les mains près des joues, les yeux levés à moi… Il semblait qu’il n’y avait plus l’ombre d’un reproche dans ces yeux-là, mais… je ne sais comment m’exprimer… une sorte d’adoration… D’abord ses lèvres tremblaient