Aller au contenu

Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était Empire, elle enfila de longs gants sombres qui laissaient nu le haut de ses bras.

Elle était prête.

Alors, comme l’avait fort bien deviné le Grand-Eunuque, elle s’assit dans la fenêtre ouverte, leva les deux jambes à la fois, tourna sur elle-même et sauta.

Le saut n’avait rien de périlleux, la fenêtre étant au rez-de-chaussée.

Les pieds joints, elle tomba dans une plate-bande encore fraîche. Les gardes veillaient le long du parc, mais non pas à l’intérieur. Personne ne la vit passer.

Pour ne faire aucun bruit et pour rester dans l’ombre, elle suivit, le long des allées, la lisière gazonneuse des bois.

Toute pressée qu’elle fût d’atteindre où elle allait, elle marchait avec lenteur, comme si une petite fierté lui conseillait de ne pas arriver la première.

Mais on avait fait sans doute, d’autre part, le même calcul, car sous le grand amandier elle ne trouva, personne.

Piquée, elle reprit sa promenade, erra, fit un long détour ; et puis, vaguement inquiète et commençant à douter si l’on viendrait à une heure