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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/14

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breuse, quand le Roi parut sous les branches, au milieu d’un murmure de vénération, de sympathie et de curiosité. Il répondit aux voix en agitant devant son visage, comme un mouchoir d’accueil, une main molle et amicale. Puis il monta les trois marches de la chaire, qui le mirent tout de suite bien au-dessus du niveau des hommes.


Un premier plaideur s’avança.

C’était un étranger, un marin catalan. Il tendait des bras presque noirs hors d’une chemise aux manches troussées.

— Sire, s’écria-t-il, justice contre ma femme ! Elle est partie avec un autre !

— Ouais ! fit le Roi. Que veux-tu que j’y fasse ?


Il cueillit une cerise au cerisier, en déchira la peau du bout des dents et suça la pulpe juteuse avec un visible rafraîchissement.

— Mais, sire, nous étions mariés devant l’alcade et devant le prêtre. Elle a juré sur l’Évangile…

— Et si elle t’avait juré de ne pas mourir avant trente ans, l’enverrais-tu à la prison le jour où elle aurait la peste ? Elle a juré, dis-tu ? C’est le seul tort que je lui reconnaisse. Encore, avec les lois