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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/146

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— Ami, lui dit-il… mais, au fait, comment t’appellerai-je ? Tu m’as dit qu’on pouvait prononcer ton nom à l’italienne ou à la française, Djilio ou Giguelillot. Or, je sens qu’en disant « Djilio », je ne mets point l’accent tonique avec la force qui lui convient. Un Milanais rirait de moi s’il m’entendait à l’instant. D’autre part, « Giguelillot » est une prononciation aussi ridicule que « Chakesspéarre » ou « Lohangrain » ; je ne peux pas m’y habituer. Puisque le français est la langue de mon peuple, laisse-moi franciser ton nom et t’appeler « Gilles » tout simplement.

— Sire, je m’appelle Gilles, déclara le page. Puisque vous le voulez ainsi, je me suis toujours appelé Gilles je n’ai jamais porté d’autre nom. Gilles ! Gilles tout court ; ou Gilles Gilles ; ou Gilles ce qu’il vous plaira.

— Gilles tout court est plus vif, plus fou, plus semblable à ton apparence.

— Mais vous, Sire, quel nom porterez-vous ?

— Moi ?

— Je veux dire… devant l’histoire ?

— Comment ?

— Sire, on appelle Histoire une espèce de paysanne en robe rouge mal drapée, assise dans un trône grec et coiffée de lauriers