Aller au contenu

Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et, comptant sur ses doigts pour ne rien oublier, Philis énuméra ses petites connaissances, d’une voix basse, lente et circonspecte, levant parfois un œil alarmé, comme une élève incertaine qui redoute le fatal zéro.

Giguelillot l’écoutait avec une estime croissante. Dès qu’elle eut achevé de parler, il lui dit en joignant les mains :

— Mais pardon, mademoiselle Philis, qu’est-ce que vous croyez ignorer ?

— Ce qui est mal, dit-elle simplement.

Elle s’expliqua :

Il paraît que c’est très honteux de recevoir un jeune homme dans sa chambre… On fait donc le mal avec lui ?

— Mais non, mais non, fit Giguelillot.

— Si. Papa nous le défend. Il ne reçoit jamais de jeunes gens, et quand on lui demande pourquoi, il répond qu’il a des filles. Tout ce que je viens de vous dire, évidemment, ce sont des façons de jouer qui ne font de mal à personne ; alors ce n’est pas cela qu’on défend.

— Bien entendu… Et je suis sûr que M. Lebirbe vous protège contre : « certains » jeunes gens ; ceux qui ne savent pas jouer, vous me comprenez bien. Mais s’il apprenait que vous jouez avec moi…