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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/292

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plus vite possible. Parce qu’il n’y a pas de comédie plus triste ni plus laborieuse à jouer que celle des sentiments tendres. Parce que…

— Mais au moins elle connaît la vie, cette femme ! elle n’est pas une chose inutile, une solitaire malgré elle, une existence sans but, sans joies, sans liberté !

— Pouvez-vous obtenir de monsieur votre père qu’il vous serve une pension et vous permette de vivre sans contrainte aucune comme il le ferait tout de suite si le ciel avait voulu que vous fussiez un fils ?

— Il ne voudra jamais.

— La loi de l’homme ! toujours la loi de l’homme !

— Ce serait pourtant juste, en effet.

— Devenez un garçon, comme la dame que vous regardiez tout à l’heure, et M. Lebirbe trouvera tout simple que vous rentriez en habit vers dix ou onze heures du matin avec des yeux couleur d’orage et des jambes de convalescent. Même si vous étiez un peu grise, je crois qu’il aurait des indulgences.

— Ah ! vous n’êtes pas sérieux.

Et la jeune fille sourit tristement.

Giglio reprit :