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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/318

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— Est-ce qu’il y a des Reines de mon âge ?

— Une trentaine.

— Tant que cela ? Et elles sont gentilles ?

— Très gentilles.

— Est-ce qu’elles s’aiment bien entre elles ou est-ce qu’elles se battent ?

— Oh je crois qu’elles s’aiment plutôt à l’excès.

— On ne s’aime jamais trop, d’abord. Est-ce qu’elles sont sérieuses ?

— Pas sérieuses du tout.

Philis, avec un petit cri de gaieté, se souleva sur ses fourches et retomba plusieurs fois assise, ce qui était sa manière d’exprimer une joie frétillante lorsqu’elle faisait de l’équitation.

— Enfin, dit le page. Vous aurez donc, Sire, une femme superflue, une de plus que l’an ne compte de jours ! Je suis sûr qu’à partir d’aujourd’hui, vous avez le sentiment de la richesse en amour.

— Non pas ! Non pas ! dit Pausole. Je congédie la Reine Denyse. Le harem est pacifié. Chaque Reine a des droits égaux qui s’affirment une fois l’an. Je n’aurais pas l’extravagance de compromettre par boutade un ordre de succession qui doit être l’ordre parfait, puisqu’il se modèle sur les révolutions de notre planète elle-même.