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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/365

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l’oreiller blanc, et Line fut éveillée par leur immense parfum.

Les deux mains jointes sous la joue, souriante des yeux et de la bouche, la natte ramenée sur la poitrine et un sein dans le pli du coude, elle appela Mirabelle qui mit un genou en terre comme si elle mimait un ballet d’amour.

Line avait l’âme reconnaissante. Elle réunit ses bras nus derrière le cou de son amie, ébaucha quelques baisers plus sonores que voluptueux, puis tourna doucement la tête de Mirabelle de façon à poser l’oreille sur sa bouche et lui offrit sans détours ce que la jeune fille pouvait désirer de plus agréable à ses tentations.

Mirabelle ne se fit pas prier. Ayant prouvé douze heures durant toute la discrétion dont elle était susceptible, elle jugea qu’elle avait atteint l’extrême limite de la réserve et qu’il lui devenait permis de se montrer enfin telle que les dieux l’avaient faite.

Sa franchise, durant quatre heures, se montra sous tous les aspects. Après plusieurs attendrissements qui l’ébranlèrent jusqu’au fond de sa jeune et prompte émotion, Line avoua qu’elle était décidément souffrante et qu’elle n’aurait pas même la force de se lever pour déjeuner sur une chaise.