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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/67

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Diane, restée seule avec le Roi, saisit l’occasion par le nez.

— Ah ! Sire, quand nous délivrerez-vous de cet odieux personnage ? Il est notre bourreau, vous ne pouvez savoir ce qu’il invente pour nous exaspérer. Il règle tout, il distribue tout, il administre jusqu’à nos pensées. Nous ne pouvons ni dormir, ni danser ni courir au parc, ni lire de romans, ni manger de bonbons qu’aux heures fixées par sa manie. Le moindre oubli est puni de cellule. Un simple retard suffit. Il nous tue !… Pour le faire fuir nous n’avons qu’un moyen, c’est celui que je voulais employer tout à l’heure ; et encore, si vous ne lui aviez pas interdit de nous parler décence, il nous châtierait terriblement de ceci, car rien ne le met en plus grande fureur que les spectacles dont parfois il faut bien qu’on le rende témoin. Mais ce moyen-là me répugne et je n’ai même pas toujours plaisir à le voir employer par les autres. Aussi quelle idée singulière que de mettre un pasteur protestant à la tête d’un harem si nu ! Vous l’avez voulu, c’est donc parfait ainsi, et je vous pose des questions, Sire, sans les résoudre. Pourquoi ne pas nous donner de véritables eunuques, comme cela se fait en Orient ? Mes compagnes les regrettent quelquefois en disant que ces pauvres êtres peuvent,