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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/129

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le chat elle-même et surtout ce qu’elles faisaient souvent, c’était de se plier en deux pour aller sucer les couilles des hommes qui les enculaient. Ça valait cinquante francs ce truc-là, quelquefois. Ou un lapin. »

Sur ce mot, elle interrompit son histoire à peine commencée, ôta son peignoir et le jeta en disant :

« J’ai chaud. »

Cette fois, elle était venue sans chemise. Nue subitement, elle vint s’asseoir par défi au bout du traversin :

« Tu me dégoûtes ! dis-je en détournant les yeux.

— Ah ! ha ! ha ! mais regarde-toi donc ! tu bandes comme un cheval.

— C’est bien malin ! Quand tu te mets toute nue sur mon lit ! Est-ce que ça prouve que je t’aime ?

— Il y en a, fit-elle gaiement, qui vous disent « Je t’aime ! » avec une pine molle. Toi, tu me détestes, mais tu bandes. C’est plus agréable pour une femme. »

Je devins très rouge. La nudité de Teresa était en effet pour moi un spectacle irrésistible. Mais je me sentais honteux que mon état physique vînt rendre impossible ou du moins ridicule le discours que je préparais mentalement depuis dix minutes ; et mon dépit fut tel que si l’italienne s’était moquée de moi un instant davantage, mon désir involontaire ne m’eût pas empêché de crier ce que j’avais à lui dire.

Mais au lieu de railler mon désir elle se mit à l’exaspérer.