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en rut sans même commencer à le satisfaire. « Pardon, je ne te violerai plus ! » dit-elle.

Cette fois, je bondis, moi aussi. Certain de n’avoir pas affaire à une faible femme, je la maîtrisai d’une main et lui donnai de toute ma force une douzaine de coups de poing sur l’épaule gauche, avec d’autant moins de scrupule qu’elle ne cessa pas de rire tant que dura cette correction.

Après, elle me regarda et, d’une voix joueuse, un peu essoufflée, qui la rajeunissait beaucoup, elle me dit :

« Tu es plus gentil quand tu deviens méchant. »

Et, du même ton plein de gaieté, elle ajouta :

« Monsieur bat les femmes ? Si Monsieur veut me donner des coups de fouet sur les fesses pour se redresser la queue, c’est vingt francs de plus. »

La phrase était de la plus basse ironie, car je ne laissais voir que trop l’exaspération de mon désir.

Nous retombâmes sur le lit ; mais Teresa, plus adroite que moi, ne se laissa pas prendre malgré elle et lutta beaucoup mieux contre ma virilité qu’elle n’avait fait contre mon poing. Elle continuait de jouer, elle était pleine d’entrain et d’une jeunesse extraordinaire :

« Ah ! me dit-elle gaiement. Tu m’as traitée de putain et tu voudrais me baiser ? Mais non, les putains ne baisent pas, elles ont la chaude-pisse. Laisse-toi faire, joli blond, je serai bien cochonne.

— Bien. Continue ! fis-je en serrant les dents.