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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/189

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— Je ne m’en souviens plus du tout.

— Je suis une gosse toute seule. Maman n’est pas là. Je ne sais rien, pas même ce que c’est qu’une queue. Toi, tu es un satyre et tu vas me violer par le trou du cul.

— Te violer ?

— Veux-tu jouer comme ça ? ou me répondre zut chaque fois que je te fais une proposition ?… Je dis « zut » parce que je suis putain. Si j’étais une jeune fille du monde, je dirais que tu me réponds merde.

— Ma Ricette chérie, fis-je en riant, ne me dis pas que tu es putain maintenant. Jamais je n’ai mieux compris ton petit tempérament de miché. Tu es vicieuse comme un vieux magistrat. Mais, moi, je suis incapable de violer une femme. La résistance me glace au lieu de me tendre. Jouer à violer… ce n’est qu’un jeu… Essayons… mais si je te rate ? j’en serai désespéré, tu m’en voudras et tu…

— Mais elles ne résistent pas, les pucelles qu’on viole ! fit Mauricette qui s’énervait. Je ferai comme elles, je ferai semblant de pleurer sur mon bras et j’ouvrirai les fesses.

— Et à quoi sentiras-tu que je te viole ?

— À quoi je le sentirai ? dit-elle en serrant les dents. Jamais je ne me suis fait enculer à sec ; tu vas me le faire et tu me demandes à quoi je sentirai que tu me violes ? à quoi je pourrai m’imaginer que tu me dépucelles ?

— Alors, répète-moi que tu le veux ! que c’est ton plaisir ! Sinon, je te jure que je ne pourrai pas.

— Je le veux ! je le veux ! je le veux ! fit-elle