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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/236

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vous donnez pas la peine de me fouetter. Je n’aurai pas besoin de ça pour faire bander votre amant, et je ne marche pas comme vous pour les scènes de torture. Allez donc faire pipi. Revenez dans cinq minutes, apportez-moi le fafiot et je vous rendrai Monsieur. En bon état. Allez. »

L’autorité de Lili s’affirmait à chaque réplique. Mauricette elle-même, après deux regards jetés à sa mère et à moi, prit le parti de rire, de se retirer, de ne pas répondre et enfin « d’aller faire pipi » comme on venait de l’y inviter.

La suite de la scène me gênait par avance et, ne sachant comment jouer le rôle du monsieur qui se fait présenter des petites filles par sa maîtresse en arlequine, je fus content de voir Lili redresser le sujet pour la seconde fois par un tutoiement que je n’attendais guère :

« Ah ! ce qu’elle est vicieuse, ta poule ! Elle sait que t’as couché avec moi ; elle m’a fait une leçon de gousserie pendant une demi-heure ; et puis elle est allée se branler aux cabinets et elle veut que tu m’enfiles quand elle rentrera. Le président de la cour d’appel n’en demande pas tant avant de se mettre à poil. »

Je conte bien mal cette histoire si vous ne comprenez pas le fou rire qui m’empêcha de répondre à la dernière phrase. Lili seule ne riait pas. Elle était même pressée et releva sa robe d’écolière jusqu’à la ceinture.

« Dépêchons-nous ! C’est sérieux ! Si tu ris, tu vas me rater ! »

Je le savais bien ; mais Lili me donnait beaucoup plus de gaieté qu’elle ne m’inspirait de