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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/99

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Charlotte rit elle-même de sa phrase. Son rire était si franc qu’il me fit sourire, bien que la maxime fût absurde ; mais elle prit ce sourire pour une approbation, et, se vautrant sur le lit les bras étendus, les cuisses en l’air :

« Ah ! que je suis contente, fit-elle, de me montrer telle que je suis et de tout dire, toute la nuit ! À chaque saloperie qui sort de ma bouche, il me semble que je suis plus propre, que je fais ma toilette…

— Ceux qui ont inventé la confession le savaient bien.

— Mais aussi… (et elle rit encore)… à chaque saloperie que je te dis, j’ai envie d’en faire une autre.

— Ceux qui désapprouvent la confession prétendent que tu as raison.

— J’avais une copine que sa mère forçait de se confesser tous les samedis. La pauvre gosse n’a jamais pu se confesser sans se branler et elle se dépêchait vite de décharger avant de recevoir l’absolution. Sinon elle était tellement excitée par ce qu’elle venait de dire, qu’elle allait se faire baiser en sortant de l’église.

— Charlotte ! tes mains sur la table ! comme on dit aux écolières.

— Mais c’est que moi aussi j’ai encore envie…

— Je t’assure que tu es folle. Retiens-toi un quart d’heure.

— Tans pis pour toi ! soupira-t-elle. Tu sais ce que tu risques d’entendre. »

Et les mains sous la nuque, les jambes croisées, elle continua :