Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/117

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Prises de Noviodunum et Bratuspantium.

V. Le lendemain de la fuite de l’ennemi, avant qu’il fût remis de son effroi, César leva son camp, traversa l’Aisne, descendit la rive gauche, envahit le pays des Suessions, arriva après une longue journée de marche (45 kil.) devant Noviodunum (Soissons) (Voir planche 7), et, apprenant que cette ville avait une faible garnison, il essaya, le même jour, de l’enlever d’assaut ; il échoua, à cause de la largeur des fossés et de la hauteur des murs. Alors il retrancha son camp, fit pousser en avant des galeries couvertes (vineas agere)[1] et rassembler tout ce qui était nécessaire pour un siège. Cependant la foule des fuyards suessions se jeta la nuit suivante dans la ville. Les galeries ayant été approchées rapidement des murs, on établit les fondements d’une terrasse[2] pour passer le fossé (aggere jacto), et l’on construisit des tours. Les Gaulois, étonnés de la grandeur d’ouvrages inconnus, si promptement exécutés, demandèrent à se rendre. Ils obtinrent la vie sauve, à la prière des Rèmes.

César reçut pour otages les principaux chefs du pays,

  1. Les vineæ étaient de petites baraques construites en charpentes légères et revêtues de claies ou de peaux d’animaux (Végète, l. IV, ch. xv). Voyez aussi les dessins de la colonne Trajane.

    Dans un siège régulier, les vineæ étaient construites hors de la portée des traits, puis on les poussait en file les unes derrière les autres vers le mur de la place attaquée, c’est ce que l’on appelait agere vineas ; elles formaient ainsi de longues galeries couvertes qui, tantôt placées perpendiculairement au mur et tantôt parallèlement, remplissaient le même office que les boyaux de communication et les parallèles dans les sièges modernes.

  2. La terrasse (agger) était un remblai fait avec des matériaux quelconques dans le but d’établir soit des plates-formes pour dominer les remparts d’une ville assiégée, soit des viaducs pour amener les tours et les machines contre les murs, lorsque les abords de la place offraient des pentes trop difficiles à franchir. Ces terrasses servaient aussi parfois à combler le fossé. Le plus souvent les agger étaient faits de troncs d’arbres entrecroisés et empilés comme le sont les bois d’un bûcher (Thucydide, Siège de Platée, II, lxxvi. — Lucain, Pharsale, III, vers 395. — Vitruve, X, xxii, Colonne Trajane.)