Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nemi, et, les entassant à droite et à gauche, il en forma deux remparts qui le garantissaient des attaques de flanc. Ce travail fut achevé en peu de jours sur une grande étendue, avec une incroyable célérité. Déjà César était parvenu à atteindre le refuge des Morins et des Ménapiens, qui s’enfonçaient de plus en plus dans l’épaisseur des forêts ; déjà il s’était emparé de leurs troupeaux et des bagages demeurés en arrière, lorsque des pluies torrentielles, ne permettant plus de tenir les soldats sous la tente, l’obligèrent à se retirer[1]. Il ravagea le pays, brûla les habitations et ramena l’armée, qu’il mit en quartiers d’hiver (entre la Seine et la Loire) chez les Aulerques, les Lexoviens et les autres peuples récemment vaincus[2].


Observations.

VII. La guerre de 698, dirigée presque exclusivement contre les peuples des côtes de l’Océan, démontre clairement que dès cette époque César avait l’intention de faire une expédition dans l’île de Bretagne, car non-seulement il détruit l’unique flotte importante qui puisse lui être opposée, celle des Vénètes, mais il subjugue par lui-même, ou par ses lieutenants, toutes les contrées qui s’étendent depuis Bayonne jusqu’à l’embouchure de l’Escaut.

Il est à remarquer combien les Romains étaient supérieurs aux barbares par la discipline, la tactique et l’art des sièges ; avec quelle facilité ils élevaient des terrasses, des digues, ou abattaient promptement une forêt pour s’y frayer un passage. Certes, c’est au génie de César que revient la gloire de ces éclatants succès ; mais il faut aussi reconnaître qu’il avait sous ses ordres la meilleure armée du monde et les hommes les plus expérimentés dans le métier de

  1. César n’a jamais soumis entièrement le nord-ouest de la Gaule (voir Salluste, cité par Ammien Marcellin, XV, xii.) Encore, sous le règne d’Auguste, en 724 et 726, on a triomphé sur les Morins.
  2. Guerre des Gaules, III, xxix.