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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/188

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marée, et il en conclut que le débarquement a pu avoir lieu le second, troisième ou quatrième jour avant la pleine lune.

Notre raisonnement a une autre base. Constatons d’abord que la science de l’astronomie permettait alors de connaître certaines époques de la lune, puisque, plus de cent ans auparavant, pendant la guerre contre Persée, un tribun de l’année de Paul-Émile annonçait la veille une éclipse de lune à ses soldats, afin de prévenir leurs craintes superstitieuses[1]. Disons ensuite que César, qui plus tard réforma le calendrier, était fort au courant des connaissances astronomiques de son temps, déjà portées très-loin par Hipparque, et qu’il s’y intéressait particulièrement, puisqu’il s’aperçut, au moyen d’horloges d’eau, que les nuits étaient plus courtes en Bretagne qu’en Italie.

Tout nous autorise donc à penser que César, en s’embarquant pour un pays inconnu, où il pouvait avoir à faire des marches de nuit, dut se préoccuper du cours de la lune et se munir de calendriers. Mais nous avons posé la question indépendamment de ces considérations, en recherchant, dans les jours qui précédèrent la pleine lune de la fin d’août 699, quel était celui où le renversement des courants dont parle César avait pu se produire à l’heure indiquée dans les Commentaires.

En supposant la flotte romaine à l’ancre à un demi-mille en face de Douvres, comme elle a ressenti l’effet du renversement des courants vers trois heures et demie de l’après-midi, la question se réduit à déterminer le jour de la fin du mois d’août où ce phénomène eut lieu à l’heure ci-dessus. On sait que la mer produit dans la Manche, en s’élevant ou s’abaissant, deux courants alternatifs, l’un dirigé de l’ouest à l’est, appelé flot ou courant de la marée montante, l’autre dirigé de l’est à l’ouest, nommé jusant ou

  1. Tite-Live, XLIV, xxxvii.