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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/197

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tout mis en œuvre pour obtenir de rester dans son pays. Irrité du refus, il conspirait, et disait hautement que César n’entraînait la noblesse en Bretagne que pour la sacrifier. Ces menées étaient connues et surveillées avec soin.

On était à la fin de juin. Le vent du nord-ouest, qui souffle habituellement à cette époque de l’année sur cette côte, retarda de vingt-cinq jours le départ de la flotte ; enfin se leva un vent favorable, et l’armée reçut l’ordre de s’embarquer. Au milieu des embarras et de la préoccupation du départ, Dumnorix sortit secrètement du camp avec la cavalerie éduenne, et prit le chemin de son pays. À cette nouvelle, l’embarquement est suspendu, et une grande partie de la cavalerie se met à la poursuite du fugitif, avec ordre de le ramener mort ou vif. Dumnorix, bientôt atteint, résiste, est entouré et mis à mort. Les cavaliers éduens revinrent tous au camp.

Le 20 juillet, croyons-nous, la flotte leva l’ancre au coucher du soleil, par une légère brise du sud-ouest. Ce vent ayant cessé vers le milieu de la nuit, elle fut entraînée assez loin hors de sa route par le courant de la marée montante. Au point du jour, César s’aperçut qu’il avait laissé la Bretagne sur sa gauche. (Voir planche 16.) Mais alors eut lieu le renversement des courants ; il en profita, et, aidé du jusant, il fit force de rames pour gagner la partie de l’île reconnue, l’été précédent, comme offrant un débarquement facile. Dans cette circonstance, les soldats, par une énergie soutenue, parvinrent, avec les avirons, à donner aux vaisseaux de transport, malgré leur pesanteur, la vitesse des galères. L’armée prit terre, vers midi, sur plusieurs points à la fois[1], sans que l’ennemi parût. Des prisonniers rapportèrent plus tard que les barbares, effrayés à l’aspect d’un si grand nombre de navires, s’étaient retirés sur les hauteurs[2].

  1. Dion-Cassius, XL, i.
  2. Guerre des Gaules, V, viii.