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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/216

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lants, et que les quartiers voisins eussent éprouvé quelque désastre. « Le moment exige une prompte décision. César est sans doute parti pour l’Italie : autrement les Carnutes auraient-ils osé tuer Tasgetius, et les Éburons attaquer le camp avec tant d’audace ? Il faut considérer l’avis en lui-même, et non celui qui le donne : le Rhin est peu éloigné ; les Germains sont irrités de la mort d’Arioviste et de leurs précédentes défaites ; la Gaule est en feu ; elle supporte impatiemment le joug romain et la perte de son ancienne gloire militaire. Ambiorix se serait-il engagé sans de puissants motifs dans une telle entreprise ? Le plus sûr est donc de suivre son conseil et de gagner en toute hâte les quartiers les plus rapprochés. »

Cotta et les centurions de première classe soutinrent vivement l’opinion contraire. « Qu’il soit donc fait comme vous le voulez ! » leur dit alors Sabinus ; puis, élevant la voix pour être entendu des soldats, il s’écria : « La mort ne m’effraye pas, mais voici, Cotta, ceux qui te demanderont compte des malheurs que tu leur prépares. Après-demain, si tu le voulais, ils pourraient avoir rejoint la légion voisine et, réunis à elle, courir ensemble les chances de la guerre ; ils sauront que tu as préféré les laisser, loin de leurs compagnons, exposés à périr par le fer ou par la faim. »

Le conseil levé, on entoure les deux lieutenants, on les supplie de ne pas compromettre le salut de l’armée par leur mésintelligence ; qu’on parte ou qu’on reste, pourvu qu’on soit d’accord, tout deviendra facile. Le débat se prolonge jusqu’au milieu de la nuit : enfin Cotta, ébranlé, se rend à l’opinion de Sabinus, et consent à rejoindre Cicéron, campé chez les Nerviens ; le départ est fixé au point du jour. Le reste de la nuit se passe au milieu des préparatifs ; le soldat choisit ce qu’il emportera de son équipement d’hiver. Et, comme si le danger n’était pas assez grand, il semble qu’on