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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/248

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retranchements rendent l’accès impossible partout ailleurs qu’aux portes mêmes. Ils tentent d’y pénétrer, et c’est difficilement qu’on les en empêche. L’alarme et le désordre sont au comble. On ne sait ni où se porter, ni où se rassembler ; les uns prétendent que le camp est pris, les autres que l’armée et César ont péri. Une anxiété superstitieuse leur rappelle la catastrophe de Sabinus et de Cotta, tués dans le même endroit. À la vue d’une consternation si générale, les barbares se confirment dans l’opinion que les Romains sont trop peu nombreux pour résister. Ils s’efforcent de faire irruption et s’excitent à ne pas laisser échapper une si riche proie.

Parmi les malades laissés au camp se trouvait le primipile P. Sextius Baculus, signalé dans les combats précédents. Depuis cinq jours il n’avait pris aucune nourriture. Inquiet sur le salut de tous et sur le sien, il sort sans armes de sa tente, voit devant lui l’ennemi et le péril, se saisit de l’épée du premier qu’il rencontre et se place à une porte. Les centurions de la cohorte de garde le suivent, et tous ensemble soutiennent l’attaque pendant quelques instants. Baculus, grièvement blessé, s’évanouit. On le passe de mains en mains et on ne le sauve qu’avec peine. Cet incident donne aux autres le temps de se rassurer. Ils restent sur le rempart et présentent au moins quelque apparence de défense.

À ce moment, les soldats sortis pour moissonner revenaient au camp ; ils sont frappés des cris qu’ils entendent ; les cavaliers prennent les devants, reconnaissent l’imminence du danger et voient avec terreur qu’on ne peut plus se réfugier derrière les retranchements. Les soldats nouvellement levés, sans expérience de la guerre, interrogent du regard le tribun et les centurions, et attendent des ordres. Il n’est personne si brave qui ne soit troublé par un événement si imprévu. Les Sicambres, apercevant de loin les